Au milieu des années cinquante, la Ville de Montréal reconnaissait la nécessité de se doter d'un complexe sportif d'envergure. La décision prise par les autorités en août 1956 d'approuver le projet de construction du futur centre Maisonneuve répond à deux besoins pressants: d'abord, pourvoir le Service de Police de la municipalité de facilités de formation et d'entraînement modernes et fournir au public de la Ville de Montréal un complexe récréatif pouvant suppléer à la demande de plus en plus pressante d'installations de loisirs adéquates.
De la première pelletée de terre en 1957 jusqu'à décembre 1959, les travaux de construction vont bon train. À tel point qu'une première programmation d'activités peut être offerte à la population par le service des parcs de la Ville au printemps de 1960. À l'époque, doté d'un vaste hall principal, d'une piscine de dimensions olympiques et d'un gymnase de 2500 mètres carrés, le centre permet la tenue d'activités aquatiques et des sports variés tels: le volleyball, le tennis et le badminton. L'école de Police de la Ville de Montréal s'y établit, elle dispose alors de locaux pour les cours et la pratique du maniement des armes à feu.
Au-delà de son mandat original, et ce, dès 1962, une vocation socioculturelle s'implante graduellement au sein du complexe. En 1966, on peut dire que le Centre Maisonneuve est devenu un des grands centres de la vie culturelle montréalaise: les expositions d'art, les événements spéciaux, les causeries se succèdent dans la hall principal.
En 1974, le comité organisateur des Jeux olympiques de Montréal veut fermer le Centre Maisonneuve à la population pour établir ses bureaux tout près du futur site des Jeux de 1976. Une tollé de protestations de la population appuyé par les médias empêche momentanément cette fermeture...jusqu'en août 1975. De cette date jusqu'à la fin des Olympiques les bureaux du COJO sont établis au Centre Maisonneuve. Il faut préciser que la Ville de Montréal avait déjà l'ambition de devenir hôtesse des Jeux olympiques dès 1960. La construction du centre répondait ainsi partiellement à l'objectif de disposer d'une infrastructure de qualité pour recevoir ces compétitions sportives d'envergure internationale.
Il n'est cependant pas suffisant d'avoir les installations, encore faut-il des gens tenaces et déterminés pour présenter le dossier d'une ville auprès des autorités concernées. C'est ici qu'entre en scène Pierre Charbonneau. Travailleur infatigable dédié à la cause du sport amateur au Québec, il accède au cours de sa carrière à la présidence de la Fédération d'athlétisme du Québec et à celle de la Confédération des Sports du Québec. Dès 1968, le maire Drapeau lui demande de coordonner la candidature de Montréal comme ville-hôtesse de la XXIe Olympiade. En 1972, il est nommé vice-président aux sports du COJO. Le 29 septembre 1975, il décède des suites d'une longue maladie, quelques mois avant la tenue des Jeux. Le 30 juillet 1976 pour honorer sa mémoire, on donne son som au complexe sportif du 3000, rue Viau.
Non seulement le centre change-t-il de nom, mais il change aussi de vocation, il se veut plus ouvert aux besoins de la population, il ne servira plus pour l'école de police. L'espace ayant servi à loger la piscine est réaménagé en centre omnisports, une surface synthétique lui sert de plancher et il peut asseoir jusqu'à 2000 personnes lors de compétitions. Le gymnase fait aussi l'objet de travaux de réfection.
Le 23 décembre 1982, l'Association Socio-Culturelle et Sportive du Centre Pierre-Charbonneau voit le jour. Cet organisme à but non lucratif représente les usagers du centre auprès des autorités concernées par la problématique d'un loisir de qualité accessible à la population. C'est donc un nouveau type de partenariat qui s'établi entre la ville, détentrice des locaux et l'association qui gère leur utilisation. Par le truchement de l'association on parvient à créer des programmes d'activités qui répondent aux besoins exprimés par la population. Le centre offre des cours de poterie, de tissage et d'arts plastiques et on y pratique aussi des activités sportives. Dans les deux cas, on met l'accent sur l'implantation d'une vie communautaire. Le rôle de promotion du sport amateur chez les jeunes se confirme, en 1986, le complexe sportif accueille dans la salle omnisports, l'équipe nationale de gymnastique.
Les indécisions on souvent rendu difficile la mission de l'association, en septembre 1989 par exemple, une rumeur voulait que le centre soit démoli pour faire place à un projet d'enceinte sportive semblable ou plus vaste que le Forum. Fin novembre, suite à la levée de boucliers qu'a pu susciter cette proposition, le projet est abandonné. Aujourd'hui, le centre est toujours là, les gens l'ont adopté ! De plus en plus, la vocation du centre se précise: il lui faut dispenser un loisir de qualité, aisément accessible et qui stimule la vie sociale des populations qui le fréquentent. Oui, maintenant on peut le dire sans ambages:
LE CENTRE PIERRE-CHARBONNEAU
C'EST LE CENTRE DE TOUT LE MONDE !